Ecole obligatoire : « A vos ordres ! » 

Billet paru dans La lettre d’infos du SSP-Enseignement n°24 Novembre 2013

Le SSP-Enseignement attendait certes des changements dans la scolarité obligatoire en raison des réformes en cours (LEO, PER, grille horaire,…), mais c’est une véritable remise au pas qu’il constate. Il en a dénoncé ses différentes formes lors d’une séance du Groupe de référence « LEO ».

Depuis ce printemps, le DFJC a édicté plus d’une dizaine de nouvelles directives. Quelques domaines nécessitent effectivement des indications communes valables dans tout le canton, notamment pour garantir une certaine égalité de traitement ; mais l’exercice tourne souvent au dérapage perfectionniste et rigide. Dans le dernier numéro de la Lettre d’info, nous nous opposions aux exigences excessives demandées dorénavant pour les courses, camps et voyages. Depuis, nous avons aussi dû réagir à un projet de « Guide pour l’entretien avec les parents » très infantilisant pour les enseignant-e-s. En voici un exemple qui se passe de commentaire :

«L’enseignant-e fait preuve d’une attitude ouverte et d’une écoute attentive. Il ou elle veille notamment à écouter les parents avec attention et sans jugement. Le questionnement permet à la fois de préciser les paroles de ceux-ci et de leur montrer de l’intérêt.»

Ces excès sont malheureusement encouragés par l’Association des parents d’élèves comme le montrent ses dernières prises de position. Le SSP-Enseignement a défendu l’idée que ce n’est pas en bridant les enseignant-e-s ou/ et leurs directions que l’école ira mieux.

Ces dernières justement contribuent aussi à ce déchaînement bureaucratique en rivalisant d’ingéniosité pour cadrer au plus serré le travail des enseignante- s, en particulier concernant les évaluations. Certaines édictent des précisions à des directives départementales, alors qu’elles n’ont pas à le faire si cela n’est pas prévu expressément. Cela vaut en particulier pour le Cadre général de l’évaluation. Il prévoit, par exemple, qu’ « Au sein de l’établissement, sous la responsabilité du conseil de direction, les enseignants coordonnent le nombre, la fréquence et de la répartition des travaux par une concertation entre collègues d’un même cycle ou d’une même année. » Ce sont donc les enseignant-e-s qui décident du nombre, de la fréquence et de la répartition des travaux. La responsabilité de la direction se borne elle à s’assurer que cette coordination ait lieu. Elle ne peut ni décider d’autres règles concernant le nombre des travaux, ni décréter que les tests doivent être communs et encore moins imposer que tous les travaux d’une volée se déroulent au même moment.

Le SSP-Enseignement a été consulté sur une partie de ces textes. A chaque fois, il a demandé des règles simples et respectueuses de l’égalité de traitement. Il n’a manifestement pas toujours été entendu. Le SSP ne considère pas que la liberté pédagogique des enseignant-e-s inclue le choix de suivre ou non les directives lorsqu’elles sont justifiées et cohérentes. Aujourd’hui il constate que celles-ci sont devenues si nombreuses et complexes qu’il devient difficile de s’y retrouver. Le SSP appelle donc le département à réfréner ses ardeurs reglémentaristes et les directions à renoncer à édicter des précisions inutiles,qui n’ont pour seule fonction que de brider les enseignant- e-s. Cette bureaucratisation, entrave tatillonne et superflue, contribue à la surcharge de travail des enseignant-e-s et nie leur rôle central dans l’école: Estil nécessaire de rappeler qu’ils / elles sont des professionnel-le-s de l’enseignement, formé-e-s et compétent-e-s ? Laissons-les travailler !