Centenaire du SSP – Lausanne

Discours à l’occasion du centenaire de la section de Lausanne (1916-2016) fêté le 15 mai 2017

Chères et chers collègues,

Merci à la section de Lausanne pour cette fête du centenaire, occasion de dire quelques mots.

Imaginons-nous : 1916 Lausanne, alors que la population subit les privations liées à la guerre, que les hommes sont mobilisés, sans indemnisation laissant les familles dans la misère, la vie continue malgré tout.

1916, c’est aussi une naissance, celle de la maternité de Lausanne. Mais aujourd’hui, c’est d’une autre naissance dont il est question. On peut essayer d’imaginer nos collègues, en 1916, qui se réunissent pour fonder une association d’employés communaux, association qui sera fédérée dans la Fédération nationale des employés communaux. Dès les années 1890, dans diverses villes du pays, les employé-e-s s’organisent, revendiquent, défendent leurs intérêts. En 1920, la jeune fédération des employés des communes et des états fusionnent avec la fédération des employés des tramways, présentes en CH alémanique. En CH romande, c’est dans ce qui deviendra le SEV que le personnel des transports communaux s’organisent. En 1924, la Fédération suisse des ouvriers des communes et des Etats prend le nom de Fédération suisse du personnel des services publics (V.P.O.D.). En Suisse romande, le syndicat s’appellera « la VPOD » jusqu’en 1982, année à partir de laquelle il prend le nom de « SSP – Syndicat des services publics». Le syndicalisme, lorsqu’on s’intéresse à son histoire, c’est donc d’abord l’émergence de la conscience d’un intérêt commun des salariés. Une conscience qu’il faut sans cesse raviver dans une société qui cultive la réussite individuelle et la mise en concurrence.

1916, c’est aussi l’année de l’incident de Lausanne. Pendant la guerre, la Suisse est divisée. La Suisse romande est clairement pro-francaise. C’est ainsi que le 27 janvier, des Lausannois viennent manifester devant le consulat d’Allemagne sous les cris de « enlevez-le ! ». Ils parlaient du drapeau impérial qui avait été installé sur la facade du consulat à l’occasion de l’anniversaire du Kaiser. Dans le feu de l’action, un jeune Lausannois, Marcel Hunziker, l’arrache provoquant un incident diplomatique sans précédent, obligeant les autorités communales, cantonales et fédérales à présenter leurs excuses auprès du gouvernement allemand. Ceci pour rappeler que le SSP a porté le combat pacifiste et internationaliste dans le mouvement syndical suisse, encore aujourd’hui. C’est ainsi que nous nous engageons pour l’éducation citoyenne et la défense des droits fondamentaux, pour les réfugiés et les droits des migrants, que nous soutenons des projets de constructions syndicales dans de nombreux pays, du Burkina Faso au Mexique, que nous nous engageons activement pour défendre les personnes menacées, nous avons dernièrement accueillis dans le cadre de notre syndicat des collègues de Turquie. On le voit, les idéaux de 1916 sont toujours vivants !

1916, c’est aussi l’année de l’inauguration de l’actuelle gare de Lausanne. Les chemins de fer constituent un des premiers services publics développés dans l’ensemble du territoire national. L’histoire a montré que l’interventions de l’Etat est le meilleur moyen pour réguler les dérives de l’économie capitaliste et offrir des prestations de qualité à toutes et tous, sans distinction de sexe, de revenu ou d’origine. La lutte contre les privatisations et la destructions des statuts de la fonction publique, sous prétexte de modernité, de libération des énergies, est emblématique de l’histoire de notre organisation syndicale. Le dévelopement du SSP dans notre canton connaît plusieurs étapes évidemment, mais la vague néo-libérale des années 1990 constitue assurément le départ d’une forte progression des effectifs, de même que l’émergence d’une plus grande conflictualité sociale. Encore aujourd’hui, le SSP est réputé pour être un interlocuteur social exigeant, capable de mobiliser le personnel. C’est ce que nous avons pu voir encore une fois cet automne dans le cadre de la phase finale du projet Equitas.

Cette histoire, nous en sommes fiers. Cette histoire nous en sommes les dépositaires. A ce titre-là, nous avons une responsabilité, celle de nous engager, ici et ailleurs, pour lutter pour améliorer les conditions de vie, pour développer le services publics, pour nous opposer aux discriminations et développer les droits de toutes et tous. Nous défendons une société de progrès social. Nous avons beaucoup d’opposants. Dans ce combat, la section SSP de Lausanne est un exemple, un exemple d’endurance, un exemple d’engagement, un exemple de détermination. Au nom de la région Vaud du SSP, je souhaite apporter mes salutations à vous qui faites vivre le SSP aujourd’hui, mais aussi, et ils sont nombreux ici, mes remerciements à ceux qui étaient à votre place pendant les décennies passées. Je souhaite aussi transmettre des encouragements à ceux qui vont continuer cet engagement.

Vive le SSP ! Vive le mouvement syndical ! Vive le progrès social !