Intervention dans le cadre du débat de la Résolution Raphaël Mahaim et consorts au nom Groupes socialiste, vert, vert’libéral, libre et ensemble à gauche – Une juste reconnaissance pour le personnel impliqué dans la réponse sanitaire le mercredi 16 décembre 2020 au Grand Conseil du canton de Vaud.
Depuis le début de la crise sanitaire, le monde entier a compris combien le travail dans les soins signifie professionnalisme, flexibilité, disponibilité jour et nuit, courage et une formation continue suffisante. Aide-soignant-e, TRM, infirmier-ère, sage-femme, transporteur-trice, ASSC, employé-e de ménage ou de cuisine, réceptionniste, physio, ergo : toutes et tous travaillent sans relâche, avec des horaires qui changent sans cesse, toutes et tous ont dû se former à toute vitesse, parfois sans le matériel nécessaire pour se protéger. Ils accompagnent, soignent, nettoient, transportent, les patient-e-s à l’hôpital, dans les EMS ou à domicile. Ils prennent des risques pour leur santé et celle de leurs proches, ils mettent leur vie familiale entre parenthèses. Maintenant, ils veulent que les employeurs et les autorités reconnaissent concrètement leur travail.
Ce personnel est là pour nous. Il représente ce qu’est le service public : une prestation pour toutes et tous, tout le temps, de qualité et avec engagement. Jamais nous n’avons autant réalisé combien leur rôle est essentiel.
Tout d’abord, il faut une coronaprime comme demandé la résolution dont nous traitons. Une manière de remercier concrètement le personnel. Dans de nombreux secteurs, c’est déjà réalité : La Poste, Coop, etc… Mais aussi dans la santé comme, par exemple, dans le canton de Fribourg, à l’EHC ou au GHOL.
Un effort important doit aussi être réalisé concernant les effectifs et les conditions de travail. La pression grandissante, la logique du chiffre, la mise en concurrence des acteurs de la santé sont des tendances qui pressurent le personnel, sans que cela n’améliore en rien la qualité des soins, au contraire.
Après la première vague, les institutions de soin n’ont pas pris la mesure des renforcements nécessaires, plusieurs d’entre elles ont bloqué les embauches suite aux difficultés financières. Une décision rationnelle financièrement, mais incompréhensible du point de vue sanitaire. Le système de financement a mis en péril le secteur alors même qu’il avait besoin de renforcement. Il faut un financement extraordinaire du secteur santé pour faire face à la pandémie et la fin du financement hospitalier selon le principe des forfaits par cas.
Mais finalement, et il faut bien le dire, cette résolution reste bien en deçà de ce qui est nécessaire. Une revalorisation immédiate de toutes les fonctions du secteur santé est urgente.
Les applaudissements du soir jour après jour étaient un encouragement. Maintenant, il faut entendre les revendications. C’est pourquoi je vous invite à soutenir cette résolution, comme un signal, une direction. Mais j’insiste sur le fait qu’il faudra aller plus loin, qu’il faudra s’engager sur la durée, et surtout qu’il faudra allouer les moyens. Loin d’un symbole ou d’un ressenti, c’est d’une démarche concrète, sonnante et trébuchante qui est nécessaire.
A celles et ceux qui opposent chômeurs, chômeuses, indépendant-e-s, ou salarié-e-s en RHT et personnel de la santé, je réponds que la pirouette est facile et franchement indécente.
Et je conclurai par le slogan lu sur une banderole brandie par un groupe de soignantes lors de la manifestation organisée par le SSP cet automne : « Les applaudissements et les mercis, c’est fini ! Maintenant il faut payer ! »