Étiquette : Tourisme

Le canton de Vaud à pied !

Interpellation déposée au Grand Conseil du canton de Vaud le 24 novembre 2020

Promouvoir un autre modèle touristique, valoriser le patrimoine culturel, encourager des pratiques favorables à la santé, favoriser les mobilités actives, autant de raison de mettre en avant la marche. Depuis longtemps, un réseau foisonnant de randonnées pédestres existe à travers notre canton, résultat d’un patient travail de jalonnement dans chaque secteur, dans chaque commune, par ces dernières, mais aussi par diverses structures touristiques ou encore les membres de diverses associations. Depuis quelques années, la fondation Suisse mobile, portée par la Confédération, les cantons et Suisse tourisme, développe le programme « La Suisse à pied ». En parallèle, les « itinéraires culturels suisses » se sont développés (Via Francigena par exemple). Ces différentes initiatives sont remarquables et révèlent une nouvelle manière de pratiquer la randonnée, plus abordable que les itinéraires de haute montagne, et permettant de vrais voyages au-delà de la course traditionnelle. La valorisation de ces « routes » pour marcheurs et marcheuses est aussi un atout majeur dans la perspective d’un tourisme différent. Cette tendance, à saluer, doit être encouragée.

Afin de faire le point sur ces questions, nous avons l’honneur de poser les questions suivantes :

  • Quelle appréciation le Conseil d’Etat porte-t-il sur le développement des routes « La Suisse à pied » et des itinéraires culturels dans notre canton ?
  • Comment est coordonnée l’offre en randonnée pédestre et son développement au niveau cantonal ? En particulier, comment s’assurer que toutes les régions soient concernées ?
  • Qui définit les développements nécessaires et coordonne le jalonnement ?
  • Qui organise l’entretien et le développement du réseau ?
  • Quelles sont les difficultés rencontrées par les communes et les associations en charge des différents sentiers dans le développement du réseau de randonnée pédestre ?
  • Comment est financé l’entretien lourd de ces chemins ? Et leur développement ?
  • Quelles sont les pistes envisagées par le Conseil d’État pour poursuivre le développement de cette stratégie ?

Randonner sans obstacles !

Postulat déposé devant le Grand Conseil du canton de Vaud

La Suisse compte plus de 65 000 km de chemins de randonnée. Sur ce nombre, seulement une petite partie est accessible aux personnes à mobilités réduites. Depuis 2013, la fondation Suisse mobile recense les itinéraires adaptés, 74 à ce jour, et seulement deux dans le canton de Vaud (Villeneuve – Montreux et Yvonand – Estavayer-le-Lac). A noter que le sentier Handicap & Nature du Jorat n’est pas recensé. Notre canton se distingue donc par une offre particulièrement limitée et l’absence de tout itinéraire de montagne, alors que plusieurs cantons développent déjà les chemins sans obstacle, y compris dans les régions de montagne.

La base de données des chemins sans obstacle recensés par la fondation Suisse mobile contient des informations complémentaires précieuses sur la pente et l’état des chemins, sur les infrastructures accessibles en fauteuil roulant (WC, restaurants,…) ou encore sur les accès sans obstacles aux transports publics. Des normes ont été définies par Mobility International Suisse et permettent de classer ces itinéraires selon leurs difficultés.

Même si la Loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées ne prévoit pas explicitement une obligation concernant les itinéraires de randonnée, elle postule tout de même que « La Confédération et les cantons prennent les mesures que requièrent la prévention, la réduction ou l’élimination des inégalités ».

Il y a fort à parier que de nombreux itinéraires existants pourraient, sans grand effort, être aménagés et permettre aux personnes à mobilité réduite de bénéficier elles-aussi de l’opportunité de pratiquer la randonnée. Ces aménagements profitent évidemment aussi à d’autres catégories, comme les familles avec poussettes. L’effort important réalisé ces dernières années afin de rendre accessibles les gares ferroviaires, les wagons et le développement des bus avec plateforme constitue une motivation supplémentaire pour rendre accessible à toutes et tous une sélection de randonnées à travers tout le canton. Finalement, le fait de recenser les itinéraires correspondants à des critères techniques clairs permet une information large via les outils développés par la fondation Suisse mobile (site internet, application mobile,…) et constituent une manière concrète de montrer l’engagement des autorités publiques en faveur de l’égalité.

Au vu de ces différents constats, les soussigné-e-s demandent que soit étudiée l’opportunité de développer de manière plus systématique des itinéraires de randonnée sans obstacles.

En train à la montagne, facilement !

Postulat déposé devant le Grand Conseil du canton de Vaud

Le développement touristique est une volonté politique affirmée par les autorités de ce canton depuis longtemps. A titre d’exemple, le déploiement du projet Alpes Vaudoises 2020 a permis un renforcement et une mise à jour des remontées mécaniques. En parallèle, des investissements conséquents sont prévus pour développer les transports publics menant aux stations de montagne, permettant de limiter les ruptures de charges et de rendre aisés les changements de moyen de transport. Il est incontestable que l’accès en transport public aux stations des alpes vaudoises, mais aussi des autres régions, doit être favorisé afin de limiter l’impact écologique de la pratique des loisirs et du tourisme. Une amélioration d’un accès sans voiture est aussi une opportunité de réduire l’impact de celles-ci dans les stations touristiques et donc de favoriser d’autres usages de l’espace public, ainsi que de diminuer les besoins en parking. Finalement, un accès facilité est une mesure permettant de démocratiser l’accès à la montagne en favorisant le déplacement des personnes ne disposant pas d’un véhicule privé.

Trois éléments semblent indispensables pour favoriser l’utilisation des transports publics pour les loisirs et sports en montagne, en particulier pour les excursionnistes à la journée. Pour certains usages (ski, VTT, parapente,…), le matériel peut-être encombrant ou lourd.

Premièrement, il s’agit de s’assurer que les trains et bus soient dotés de compartiments suffisamment grands pour l’équipement et que les arrêts et gares soient aménagés de manière à faciliter le transfert des passager-ère-s. La signalisation, l’information et les cheminements doivent être facilement compréhensibles.

Ensuite, il faut admettre que les excursionnistes en voiture privée peuvent sans problème utiliser leur véhicule comme dépôt, voire même comme vestiaire. Avec les développements prévus de l’offre de transport public, il existe un enjeu majeur à rendre le trajet aussi aisé en transport public afin de faciliter leur utilisation. C’est donc dans ce sens que les stations vaudoises doivent faire un effort. Des aménagements simples et peu coûteux (relativement aux montants importants consacrés au renouvellement des remontées mécaniques et à l’aménagement des parkings) sont nécessaires. Il s’agit principalement de s’assurer que le point d’accès aux remontées mécaniques centralise plusieurs services : location de matériel, vestiaires chauffés, casiers à la journée ou sur une plus longue période,…

Finalement, des offres doivent rendre attractives l’utilisation d’un transport public, des équipements à disposition et des remontées mécaniques. C’est possible, par exemple, par la mise à disposition de billets combinés, type CFF railaway. Au-delà de l’intérêt économique, cette solution, lorsqu’elle est basée sur une solution compatible, permet aussi d’éviter les attentes aux caisses des installations de remontées mécaniques.

Les sociétés exploitant les remontées mécaniques bénéficient d’un fort engagement de l’État au titre de la politique de soutien aux activités touristiques. Dans ce cadre, il paraît légitime d’attendre d’elles qu’elles mettent sur pied ces services afin de favoriser l’accès à leur domaine aux usager-ère-s des transports publics. Puisqu’elles consacrent déjà des montants importants pour accueillir les automobilistes (parkings souvent gratuits, navettes, etc…), c’est aussi une question d’équité.

Convaincus que des mesures simples pourraient favoriser un accès en transport public aussi dans le secteur des loisirs et du tourisme, les soussigné-e-s demandent au Conseil d’État d’étudier l’état des installations destinées aux excursionnistes utilisant les transports publics pour rejoindre les accès aux remontées mécaniques et les offres combinées, ainsi que les diverses possibilités de développer ces équipements et prestations.