Étiquette : Enseignement

Non à une mise au pas du corps enseignant!

Est-ce que vous pensez vraiment que le problème de l’école est un manque de hiérarchie et de bureaucratie ?
Mon intervention contre le postulat Croci-Torti « Pour un accompagnement actuel et adapté du corps enseignant vaudois » visant à renforcer les outils RH aux mains des directions afin de mieux « accompagner » le corps enseignant.

Pédagogie spécialisée: Cesla Amarelle remet l’ouvrage sur le métier

Le Temps – 10 février 2018

La nouvelle ministre vaudoise de l’Education veut un dispositif global pour intégrer au mieux les élèves à besoins particuliers. Le syndicat SSP salue cette nouvelle approche, qui retarde l’entrée en vigueur de la loi

Ils souffrent d’un handicap moteur, de troubles cognitifs ou encore ne parlent pas le français: pour venir en aide à ces élèves à besoins spécifiques, la conseillère d’Etat Cesla Amarelle veut un cadre global et non plus une multitude de directives prises au coup par coup. Ce changement d’approche, par rapport à celle que défendait Anne-Catherine Lyon, la précédente patronne de l’Instruction publique, aura pour conséquence de retarder d’un an l’introduction de la loi sur la pédagogie spécialisée (LPS), censée entrer en vigueur en août prochain. Le règlement d’application, en l’état très complexe, doit en effet être adapté au nouveau concept cantonal.

Pour l’élaborer, la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture a annoncé vendredi le lancement d’une vaste consultation avec les acteurs du terrain: enseignants et éducateurs, mais aussi psychologues, logopédistes ou encore assistants sociaux. Une fois la ligne définie, les établissements bénéficieront de davantage d’autonomie pour concocter leur propre dispositif et l’adapter en fonction des résultats.

Vision large et transversale

L’élève issu de la migration n’a pas les mêmes besoins que l’adolescent en révolte ou encore que celui qui souffre d’un retard de langage. «Le premier bénéficiera, entre autres, de cours de français, le second d’un soutien socio-éducatif et le troisième travaillera avec un logopédiste, détaille Cesla Amarelle. Mais au-delà de ces réponses personnalisées, il est nécessaire d’avoir une approche transversale, une vision large, pour répondre au défi que représente l’intégration de milliers d’élèves en difficulté.» Quels moyens seront mis à disposition pour y parvenir? «La LPS prévoit un financement de 12 millions de francs sur quatre ans, pour autant que le Grand Conseil vote le budget année après année», répond la conseillère d’Etat.

Les enseignants sont déjà confrontés à une surcharge de travail et peinent à gérer des classes qui comptent parfois plusieurs cas difficiles

Julien Eggenberger, président du SSP Vaud

«En dix ans, le budget dévolu à l’enseignement spécialisé est passé de 50 à 80 millions de francs, précise Serge Loutan, chef du Service de l’enseignement spécialisé. Malgré tout, le sentiment du terrain est qu’il n’y a toujours pas assez de ressources.» Actuellement, quelque 400 psychologues, psychomotriciens et logopédistes (215 équivalents plein-temps) interviennent dans les écoles vaudoises, soit environ deux par établissement. A quoi s’ajoutent quelque 400 éducateurs et enseignants spécialisés sur les 9000 que compte le canton.

«Il faudra juger sur pièce»

Du côté des syndicats, le changement de philosophie réjouit. «Il était temps de renverser la réflexion, de partir du besoin identifié sur le terrain pour élaborer des solutions et non pas de réfléchir par services, en silos», estime Julien Eggenberger, président du SSP Vaud et lui-même enseignant. Quitte à retarder l’arrivée d’une loi espérée depuis plusieurs années? «Oui, le jeu en vaut la chandelle. Naturellement, ce report suscite aussi des craintes et des attentes encore plus grandes au sein de la profession. Il faudra juger sur pièce.»

Surcharge pour les enseignants

Au cœur des préoccupations du syndicaliste: les moyens à disposition pour l’école inclusive. «Les enseignants sont déjà confrontés à une surcharge de travail et peinent à gérer des classes qui comptent parfois plusieurs cas difficiles. Si on veut renforcer la détection précoce des élèves à besoins particuliers, les psychologues ou les logopédistes devront venir observer les classes de 1re enfantine, cela signifie qu’ils auront moins de temps à consacrer aux enfants déjà suivis. Nous voulons éviter ce dilemme.»

24 Heures: L’école inclusive épuise les profs

Vaud Le Syndicat SSP pointe la dégradation des conditions de travail en 1 à 8P et demande notamment que l’aide à l’intégration des élèves souffrant de troubles soit renforcée.

L’usure guette les enseignants du primaire,selon le syndicat SSP.

L’usure guette les enseignants du primaire,selon le syndicat SSP. Image: KEYSTONE

«Depuis plusieurs années, la réalité du métier a évolué et les conditions de travail se sont dégradées dans les cycles primaires, lâche le président du SSP Vaud Julien Eggenberger, lui-même enseignant. Les retours du terrain sont unanimes. De plus en plus vite, ceux qui commencent le métier passent à temps partiel et de moins en moins veulent assurer une maîtrise de classe.» L’une des raisons importantes que soulève le SSP concerne la délicate question de l’intégration des élèves souffrant de troubles ou de handicaps. Ils ont des besoins particuliers et sont de moins en moins orientés dans des institutions parapubliques spécialisées. Le Canton de Vaud a rattrapé son retard dans le domaine de l’école inclusive, une philosophie qui n’est du reste pas critiquée dans son principe. Mais cette orientation a alourdi la barque pour les instituteurs et institutrices, souvent seuls au front.

Une gestion de classe compliquée

«Une fois qu’un problème est identifié vis-à-vis d’un élève, il n’est pas rare qu’il faille attendre un an voire plus avant d’obtenir une aide, témoigne Elise Glauser, enseignante de 1-2P sur la Riviera et membre de la direction du SSP Vaud. Pendant ce temps, il faut gérer une classe avec un enfant qui a un trouble aigu, c’est très compliqué.» Quand des professionnels entrent enfin en jeu (logopédistes, psychomotriciens, enseignants spécialisés, etc.) vient un autre casse-tête administratif. «L’Etat n’a pas anticipé l’énorme travail de coordinations entre les différents professionnels et les parents que doit assumer le maître de classe, reprend l’enseignante. On dit souvent que la pause de midi a disparu en primaire.»

Le SSP demande notamment qu’un dispositif de dépistage précoce des difficultés des élèves soit mis en place, que les délais pour faire un bilan et obtenir une aide de la part du Service de l’enseignement spécialisé (SESAF) soit grandement raccourci (lire encadré). Et qu’une campagne de recrutement et de promotion soit lancée pour la filière d’enseignement spécialisé: trop peu de personnes seraient formées pour répondre à la demande.

«Il y a en effet une tension entre l’expression des besoins et l’attribution des moyens»

Syndicat minoritaire dans les cycles primaires – où les enseignants sont davantage à être affiliés à la Société pédagogique vaudoise (SPV) –, le SSP Vaud frappe un grand coup pour marquer le terrain. Le contexte n’est pas anodin: une nouvelle conseillère d’Etat a pris en main cet été le Département de la formation. Et elle a les mains dans le cambouis avec l’élaboration du Règlement de la loi sur la pédagogie spécialisée. Un véritable pensum où chaque secteur professionnel défend son pré carré.

Cesla Amarelle ne nie pas les difficultés que rencontrent les enseignants du primaire. «Il y a en effet une tension entre l’expression des besoins et l’attribution des moyens. Pour les prestations de pédagogie spécialisée, et encore plus particulièrement pour l’intervention des logopédistes, psychomotriciens ou psychologues, il est donc nécessaire d’évaluer les demandes en termes de gravité et d’urgence. Ce qui peut générer une attente.» La ministre rappelle néanmoins que l’Etat s’est doté de moyens importants pour relever le défi de l’école inclusive: «Ces dix dernières années, le Département a engagé un nombre significatif d’enseignants spécialisés pour l’aide à l’intégration dans les établissements scolaires. Concernant la prise en charge des prestations de logopédie indépendante, le budget cantonal a augmenté de 60%», illustre-t-elle.

«Des principes à rediscuter»

L’avenir devrait en outre s’éclaircir avec l’entrée en vigueur, en août prochain, de la loi sur la pédagogie spécialisée (lire ci-contre). Plus généralement, la conseillère d’Etat n’exclut pas de rediscuter certains principes pour simplifier et accélérer le dispositif. «Il y a une réflexion à mener avec l’ensemble des acteurs, car les enseignants doivent être soutenus dans leur implication en faveur de l’intégration à l’école. Il faut aussi éviter que l’institution spécialisée soit perçue comme une sanction, alors que c’est un lieu très important pour que des élèves puissent se développer.» Cela dit, précise la socialiste, «le canton de Vaud est loin du tout intégratif». Le nombre d’élèves souffrant d’un trouble ou d’une déficience suivant le cursus dans une classe ordinaire est d’environ 1000, soit à peine plus de 1% des élèves de l’école obligatoire. Quelque 1500 autres sont en outre scolarisés ensemble dans des classes de développement et 1400 le sont dans des institutions de pédagogie spécialisées.

L’école inclusive n’explique pas seule l’usure que ressentent les profs, lit-on dans le rapport du SSP. «L’évolution du métier tient pour beaucoup à des facteurs extérieurs à l’école, d’ordre sociétaux. Ce ne sont plus les mêmes élèves, plus les mêmes parents qu’il y a trente ans», relève Julien Eggenberger. Même s’ils restent très minoritaires, de plus en plus d’enfants sans trouble particulier ont des problèmes de comportements à même de faire exploser la classe. La conseillère d’Etat a d’ailleurs annoncé cet été le lancement d’un projet-pilote socio-éducatif dans six établissements pour soulager le corps enseignant. (24 heures)

Renforcer l’enseignement de l’allemand par une amélioration du recrutement des enseignant-e-s !

Postulat déposé le 13 juin 2017 au Grand Conseil du canton de Vaud

Le débat sur les langues nationales rappelle l’importance cruciale de l’enseignement d’une deuxième langue nationale à l’école obligatoire. Un enjeu de cohésion nationale, mais aussi un enjeu pour favoriser les chances d’intégration professionnelle et sociale.

Le large développement de cet enseignement dans notre canton s’est concrétisé dans le cadre de la Loi sur l’enseignement obligatoire avec l’anticipation d’un apprentissage formel en 5 et 6P et la systématisation de cette discipline en 9-11S. L’enseignement d’une langue 2 en classe, à raison de quelques périodes par semaine, est une ambition très élevée qui nécessite de recruter de nombreux enseignant-e-s qualifié-e-s. Or, depuis de nombreuses années, les établissements de la scolarité obligatoire rencontrent des difficultés importantes à recruter des titulaires des titres requis si bien qu’une part significative des cours d’allemand sont pris en charge par des enseignant-e-s qui ne détiennent pas de tels titres. Cette situation s’explique par l’important développement mentionné précédemment, mais aussi par un cursus de formation pensé pour des francophones qui s’engagent dans un cursus académique dans une université romande. Il s’agit évidemment de continuer à encourager l’intérêt des francophones à se former à l’enseignement de l’allemand dans le cadre de ce cursus « traditionnel », mais il apparaît que cela ne suffira probablement pas.

La présence de nombreux germanophones dans notre pays devrait constituer un important réservoir de recrutement et il est utile de rappeler l’intérêt de pouvoir aussi compter sur des enseignant-e-s dont la langue enseignée est leur langue maternelle. Un programme ambitieux d’échanges d’enseignant-e-s et de recrutement dans les cantons alémaniques, dont certains ne connaissent pas de pénurie d’enseignant-e-s, devrait contribuer à palier ces difficultés. Mais cela ne suffira pas car des obstacles administratifs freinent certaines candidatures. En effet, lorsqu’un établissement procède à l’engagement d’un-e enseignant-e venant de Suisse alémanique, celui-ci se voit offrir un salaire fortement retranché s’il ne possède pas les titres requis. Ce qui est normal si l’on considère les qualifications nécessaires à l’exercice de cette profession. Ce qui n’est pas normal, c’est de constater les obstacles importants rencontrés par un germanophone qui souhaiterait accéder à la Haute école pédagogique du canton de Vaud, notamment parce que la procédure prévoit que cette dernière délègue à l’Université de Lausanne l’examen des titres présentés à l’admission. Les facultés compétentes ont donc naturellement pour pratique de comparer le parcours du candidat avec leur propre cursus. Ceci a pour conséquence de demander des compléments importants qui sont souvent rédhibitoires. Aujourd’hui, de nombreux candidat-e-s préfèrent tenter leur chance ailleurs, là où les conditions d’admission sont plus adaptées, les titres pédagogiques étant reconnus dans tous les cantons. Et ainsi, notre canton se prive de leurs compétences.

Convaincus que l’enseignement de l’allemand dans la scolarité obligatoire est un enjeu essentiel et que ce dernier nécessite des enseignant-e-s qualifiés, les soussignés demandent au Conseil d’Etat d’étudier :

  1. Le développement d’un programme d’échanges d’enseignant-e-s entre les régions linguistiques.
  2. Le développement d’un programme de recrutement d’enseignant-e-s dans les régions germanophones de Suisse.
  3. Les adaptations nécessaires afin de favoriser l’accès des germanophones candidat-e-s à une formation d’enseignant-e.

Faciliter la poursuite des études pour les étudiants avec statut de réfugié et leur accès aux Hautes écoles

Postulat déposé le 28 février 2017 au Grand Conseil du canton de Vaud

L’actualité internationale met en lumière la situation des requérants d’asile et des réfugiés et de l’aide qui doit leur être apportée. Aujourd’hui, notre pays accueille déjà de nombreux migrants dont une partie obtient un statut durable de résident. Des résidents à qui il s’agit de permettre de s’intégrer et de leur donner les moyens de vivre de manière autonome. Certains de ces réfugiés ont un diplôme universitaire ou étudiaient dans leurs pays d’origine. Or, confrontés à des obstacles administratifs et linguistiques souvent insurmontables, ils n’ont que très rarement accès aux hautes écoles de Suisse, en particulier lorsqu’il s’agit de terminer un cursus. Les nombreuses exigences à remplir avant de pouvoir intégrer une haute école les empêchent d’accéder ou de poursuivre une formation pourtant nécessaire à leur intégration. En effet, rares sont les réfugiés qui disposent immédiatement des preuves nécessaires à leur admission (p.ex. l’original d’un diplôme) ou qui parviennent à démontrer l’équivalence de leur diplôme ou maturité. Ils peinent aussi à atteindre le niveau linguistique requis, les cours de langues adéquats pouvant être chers et peu accessibles. L’examen complémentaire des hautes écoles suisses (ECUS) reste peu adapté à leurs besoins dans la mesure où ils doivent, dans des conditions déjà difficiles, maîtriser un nombre de connaissances sans pertinence pour la poursuite de leurs études.

Les projets d’accompagnement des réfugiés initiés dans les universités de Genève (Programme „Horizons académiques“), de l’ETHZ et de Bâle attestent d’un besoin. L’Université de Lausanne a déjà traité quelques situations au cas par cas. Des mesures sont possibles pour renforcer l’accès des réfugiés aux hautes écoles. A cette fin, il faut à la fois développer un programme de mise à niveau linguistique spécifique aux hautes écoles et un accompagnement, par exemple par mentorat.

La possibilité de commencer ou de terminer des études et donc d’obtenir un titre reconnu permet ensuite plus facilement de s’intégrer et de vivre de manière autonome. La société a donc tout à gagner à prendre des mesures dans ce sens.

Les soussignés demandent donc au Conseil d’Etat d’étudier les mesures nécessaires permettant d’étoffer les possibilités existant à l’UNIL et de l’élargir aux autres hautes écoles vaudoises avec l’objectif de proposer un programme d’accompagnement permettant aux réfugié-e-s de commencer ou de continuer une formation.

Julien Eggenberger et consorts

Ecole vaudoise : ça ne peut pas continuer comme ça !

24hRubrique « L’invité » 24 Heures du 31 octobre 2016

Après trois ans de fonctionnement de la Loi sur l’enseignement obligatoire (LEO) et son complet déploiement, il est plus que temps d’en faire un bilan.

Dans les cycles primaires, le renforcement de la dotation horaire et l’amélioration du statut du maître de classe ont fait leurs preuves. Malgré cela, la situation reste tendue. Ainsi l’intégration des élèves à besoins particuliers ne s’accompagne pas de renforts pédagogiques en suffisance alors que la Loi sur la pédagogie spécialisée, qui devait simplifier les lourdes procédures actuelles, est bloquée par un recours. Par ailleurs, quelques élèves sans repère mettent parfois en échec les structures existantes et placent les enseignants face à des défis qui dépassent largement leur mission. Afin de les appuyer et redonner un cadre propice au travail dans toutes les classe, une véritable politique socio-éducative doit être développée. Elle doit dépasser les prés carrés des différents services étatiques et permettre l’engagement de personnel éducatif dans les écoles.

Dans le secondaire, certaines carences de la précédente loi scolaire ont certes été corrigées (perméabilité plus grande entre voies et niveaux, système de promotion plus adapté, etc.), mais on constate aussi que les modalités de fonctionnement de la nouvelle voie générale péjorent nettement les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignants. Dès le début, nous avons craint que certaines modalités ne rendent la tâche des maîtres de classe pratiquement impossible – ceux-ci ne voient presque plus leur classe -, que les élèves les plus fragiles se heurtent à l’apprentissage de deux langues étrangères et que les nouvelles directives sur l’évaluation couplées à un système d’options trop compliqué ne paralysent le système.

Dès la rentrée 2013, et sans sortir du cadre de la loi, le SSP a demandé des ajustements urgents. Ils n’ont été que très partiellement pris en compte. Plus grave encore : depuis une année, la situation est bloquée car les discussions entamées avec la direction générale sur des aménagements ont été unilatéralement suspendues. La mobilisation de ces dernières semaines aura eu pour première conséquence positive la reprise de ces travaux.

Sans changement rapide, les promesses de la LEO ne seront jamais tenues et le risque d’un échec est grand. S’il était envisageable qu’un nouveau système provoque une situation inconfortable dans un premier temps, elle ne peut plus durer. Les enseignants se sont engagés avec énergie pour faire fonctionner le système, mais on ne peut compter sur leur seule bonne volonté et leurs compétences pour pallier ses défauts. Ils attendent des changements maintenant.

Julien Eggenberger, enseignant en voie générale, président du SSP Vaud et député

 

Réfugié-e-s mineur-e-s non accompagné-e-s: un accueil à la hauteur des défis posés ?

 

L’arrivée en Suisse de nombreuses et nombreux migrant-e-s ayant fui leur pays place les cantons et les services publics devant des défis politiques et organisationnels conséquents. Parmi ces réfugié-e-s, se trouvent beaucoup d’enfants de moins de 18 ans dont certain-e-s sont sans famille, ni entourage immédiat, les « mineur-e-s non accompagné-e-s » (MNA). Les dispositifs mis en place, souvent dans l’urgence, pour les accueillir, sont la concrétisation de la mission d’accueil incombant à notre société ainsi que du respect du droit à l’éducation. Cette situation a déclenché un élan de solidarité parmi de très nombreuses personnes qui s’engagent de différentes manières pour offrir leur soutien à ces migrant-e-s.

Comment le canton fait face à ces défis ? Quelles dispositions ont été prises pour accueillir et encadrer ces jeunes ? Leurs conditions de vie et de formation leur permettent-elles d’envisager un avenir moins incertain? Comment contribuer à soutenir les diverses actions menées pour aider ces jeunes ? 

Le SSP-Enseignement organise une table ronde – discussion ouverte à toutes les personnes intéressées

JEUDI 19 MAI 20h Grande Salle du Cazard Lausanne – Rue Pré-du-Marché 15

Intervenant-e-s:

  • Cesla Amarelle, Conseillère nationale, professeure de droit à l’Université de Neuchâtel, spécialiste des questions de migration.
  • Claire-Antoinette Steiner, répondante, pour l’action-parrainages Vaud, du volet MNA; aumônière au Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe.
  • Julien Eggenberger, enseignant, président du SSP Vaud et député.
  • Une éducatrice, membre du groupe syndical de l’EVAM.

Télécharger l’affiche

 

Maîtres auxiliaires et reconnaissance des voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques : un verre au 2/3 plein

Communiqué du SSP – Enseignement

Le SSP – Enseignement accueille avec satisfaction les dernières décisions du DFJC visant à développer les voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques présentées dans la réponse du Conseil d’Etat à la motion Mahaim. Cette stratégie permet en effet d’apporter une réponse à la pénurie d’enseignant-e-s diplômé-e-s et offre une solution qualifiante pour les nombreux maître-sse-s auxiliaires aujourd’hui engagé-e-s avec des statuts précaires. Les dernières avancées sont la consécration d’un long travail de notre syndicat, travail qui s’est concrétisé sous diverses formes (négociations, courrier, pétition, lobbying politique, actions en justice,…). Elles révèlent aussi la nécessité d’un engagement déterminé dans la défense de toutes et tous les collègues, y compris ceux aux parcours atypiques et au statut précaire.

Depuis de nombreuses années, le SSP s’engage activement pour résorber la pénurie d’enseignant-e-s diplômé-e-s et trouver des solutions adaptées à la situation inconfortable des maître-sse-s auxiliaires. Si le SSP considère que des mesures fortes doivent être prises afin de contrebalancer la dégradation constante des conditions d’enseignement, il a aussi à cœur de trouver des solutions pragmatiques permettant de développer les voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques. Le SSP revendique une formation des maître-sse-s de haut niveau, ancrée dans le domaine tertiaire, et assurant des conditions justes d’accès. Afin de pouvoir offrir une formation à des personnes ayant suivi un parcours moins «classique», des aménagements doivent être prévus. La rigidité actuelle du système vaudois a longtemps représenté un facteur de pénurie significatif. Les différentes dimensions de la question sont développées dans notre rapport « Agir contre la pénurie » publié en 2010.[1]

Depuis une année, deux nouvelles possibilités d’accès à la HEP sont proposées et permettent de valoriser d’autres types de parcours, comme les formations professionnelles, et de favoriser ainsi la diversité sociale et culturelle du corps enseignant. Le SSP – Enseignement salue ces avancées, même s’il regrette la complexité et le coût de la validation des acquis de l’expérience.

Dès l’année prochaine, le DFJC ouvrira, conformément à la demande du SSP – Enseignement, la formation des enseignant-e-s dans les branches artisanales (activités manuelles, textiles et économie familiale) aux titulaires d’un détenteur d’un titre de formation professionnelle (CFC) alors qu’il était le seul canton romand à leur interdire l’entrée de la formation romande PIRACEF. Par ailleurs et en parallèle, ce dispositif permettra d’offrir une possibilité de qualification pour la centaine de personnes actuellement engagées dans ces disciplines et sans formation pédagogique.

Afin de régler complètement le problème, il restera à réintroduire, sur le modèle d’autres cantons, une passerelle permettant aux enseignant-e-s généralistes d’enseigner au secondaire I, respectivement de permettre aux personnes le faisant déjà d’obtenir les qualifications requises. Le SSP – Enseignement profite de cette occasion pour rappeler cette demande.
[1] Disponible sous : http://www.ssp-vaud.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=633

L’encadrement pour les mineurs non-accompagnés relevant du droit d’asile est-il adapté ?

Interpellation déposée le 15 décembre 2015

La situation internationale a mis sur les chemins de l’asile de nombreux réfugiés et réfugiées. Certains d’entre eux sont mineurs et voyagent seuls. Le canton de Vaud, par l’intermédiaire de l’EVAM, a mis sur pied des structures particulières pour celles et ceux que la Confédération confie à notre canton et qui ont plus de 14 ans. Il assure aussi la scolarisation de ceux-ci conformément aux principes fondamentaux des droits humains et au mandat public de formation.

L’augmentation importante des arrivées de mineurs non-accompagnés ces derniers mois a nécessité l’ouverture de nouveaux centres et de trouver des solutions permettant d’assurer leur scolarisation. Ces ouvertures récentes sont évidemment un défi qui nécessite de trouver des locaux adaptés et l’engagement de personnel qualifié. Elles obligent aussi les communes territoriales à trouver des locaux d’enseignement et les directions d’établissement à mettre sur pied dans des délais très rapides des classes d’accueil.

Malgré tous ces efforts, il apparaît que l’encadrement pose des difficultés importantes. Pendant plusieurs semaines, aucun personnel éducatif n’était présent les week ends. Par ailleurs, l’application automatique des normes définies par le Conseil d’Etat, notamment pour les repas, les vêtements et les loisirs, laisse les jeunes concernés seuls face à des problèmes quotidiens qu’un enfant de cet âge est bien en peine de résoudre. Ainsi, est-il raisonnable de demander à un jeune de 14 ans de gérer ses repas ? De plus, la coordination avec les établissements scolaires est difficile et de nombreuses zones grises subsistent. Est-ce vraiment le rôle des enseignant-e-s de l‘école obligatoire de fournir des sacs d’école et des habits chauds ?

En résumé, le concept d’encadrement comporte des lacunes et ne répond pas à ce qui est attendu dans le cadre de l’accueil de jeunes mineurs non-accompagnés relevant du droit d’asile.

Fort de ces constats, j’ai le plaisir de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  1. Dans le cadre de la convention de subventionnement de l’EVAM, quel encadrement et quels principes éducatifs sont définis ?
  2. Quel est l’encadrement éducatif prévu dans les différentes structures accueillant des mineurs non-accompagnés ? La présence d’un encadrant est-elle garantie 24/24h et 7/7j ? Quelles sont les qualifications des encadrant-e-s ?
  3. Comment les repas sont-ils organisés ?
  4. Tous les mineurs en âge de scolarité sont-ils scolarisés ?
  5. Quelle formation est proposée pour ceux qui n’ont plus l’âge d’être scolarisés ?
  6. Comment les communes et les établissements scolaires sont-ils associés à la prise en charge de ces jeunes ?
  7. Plus particulièrement, comment le financement des habits et des activités extra-scolaires est-il assuré ?

Je remercie d’avance le Conseil d’Etat pour ses réponses.

Julien Eggenberger, député PS

La fronde des profs fait plier l’Etat de Vaud

Logo_Le_CourrierArticle dans Le Courrier du 28 novembre 2015 – Mario Togni

PÉDAGOGIE SPÉCIALISÉE • Pour des «raisons budgétaires», le département de la formation avait gelé toute nouvelle mesure de soutien aux élèves handicapés en classe. Face au tollé des profs, il a annulé sa décision.

C’est ce qu’on appelle un rétropédalage en bonne et due forme. Le 18 novembre, l’Etat de Vaud décidait de geler toute nouvelle mesure de soutien aux élèves à besoins particuliers dans les classes ordinaires, pour des «raisons budgétaires». Une lettre du Service de l’enseignement spécialisé et de l’appui à la formation (Sesaf ) en informait les établissements de la scolarité obligatoire. Jeudi, face au tollé provoqué par cette décision, le canton est revenu en arrière.

«Au vu des réactions provoquées et avec l’accord de la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (Anne-Catherine Lyon, ndlr), j’ai décidé d’annuler cette mesure», confirme Serge Loutan, chef du Sesaf. Un nouveau courrier a été adressé le jour même aux directions d’établissements scolaires. «Nous allons donc continuer à étudier les demandes qui nous sont adressées», précise le chef de service.

Il rappelle que le budget 2016 de l’Etat de Vaud, sur lequel le Grand Conseil doit se prononcer prochainement, prévoit des augmentations de ressources pour la pédagogie spécialisée, avec notamment 18 postes supplémentaires d’enseignants spécialisés. Une partie de ces effectifs (10  postes) concernent la régularisation d’engagements déjà effectués à titre de renfort. «Cela permettra de répondre, au moins en partie, à l’augmentation de la demande», estime-t-il.

Soutien pédagogique

De quoi parle-t-on? L’intégration des enfants en situation de handicap à l’école nécessite notamment un soutien pédagogique (enseignants spécialisés) et des aides à l’enseignant, soit des personnes qui accompagnent les élèves dans les gestes du quotidien. Ces mesures sont décidées sur la base d’une longue procédure et avec l’appui de spécialistes.  La nouvelle loi sur la pédagogie spécialisée, qui doit entrer en vigueur progressivement dès la rentrée 2016, renforcera encore ce dispositif au cœur du concept d’école inclusive.

Or déjà aujourd’hui les besoins dépassent les moyens à disposition, d’où le moratoire décidé en novembre. Le Sesaf justifiait ce choix en soulignant que «l’accroissement des demandes dépasse toutes les prévisions budgétaires», en moyenne de 6% sur l’ensemble du canton. Toute nouvelle mesure de soutien serait donc refusée «par principe», écrivait-il, sans préciser jusqu’à quand.

Enseignants choqués

Stupeur chez les enseignants! «Nous sommes choqués et scandalisés par cette décision qui touche les élèves les plus fragiles», réagissait jeudi matin Grégory Durand, président de la Société pédagogique vaudoise (SPV), assurant que son téléphone était submergé d’appels de profs en colère et inquiets. La SPV et le Syndicat des services publics (SSP Vaud) ont donc écrit cette semaine au DFJC, demandant de suspendre cette décision «brutale» et «inacceptable».

Ils ont finalement été entendus. Dans son courrier de jeudi, Serge Loutan indique qu’il était dans son «devoir» de tirer les conséquences d’un dépassement quasi certain du budget pour l’année 2015. «L’objectif était principalement d’attirer votre attention sur ce risque et de permettre de l’évaluer», ajoute-t-il, à l’adresse des directeurs d’établissements. En leur demandant de rester «attentifs au risque élevé dans l’évaluation des situations nouvelles».

Elèves handicapés

Julien Eggenberger, président du SSP Vaud se dit «satisfait» de ce retournement de situation. «Nous sommes néanmoins effarés qu’une telle idée ait simplement été émise. C’est comme si le CHUV décidait de ne plus donner de médicaments à ses patients car l’enveloppe annuelle était épuisée! On parle ici d’élèves handicapés, par exemple des autistes, qui nécessitent parfois un accompagnement lourd, pas de simples appuis scolaires.»

Après cet épisode «inquiétant», le syndicat va demander au plus vite une rencontre avec la direction du Sesaf et Anne-Catherine Lyon. «Nous voulons des garanties pour la suite», souligne Julien Eggenberger. En particulier, la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la pédagogie spécialisée, qui nécessitera des moyens supplémentaires, n’a pas de quoi rassurer dans ce contexte. «Une certaine méfiance s’est installée, nous allons être très vigilants», conclut le syndicaliste.