Étiquette : Santé

Variole du singe : une urgence sanitaire qui appelle des réponses !

Interpellation déposée au Grand Conseil du canton de Vaud le 23 août 2022

Depuis le mois de mai 2022, le virus de la variole du singe se répand en Suisse. Il impacte principalement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Si certaines personnes atteintes connaissent une forme bénigne, d’autres souffrent de séquelles durables. La situation est donc inquiétante et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré un état d’urgence sanitaire de portée internationale. A ce jour, la réponse sanitaire suisse est tout à fait insuffisante. Le vaccin n’est pas autorisé et les tests sont difficiles d’accès, alors que de nombreux pays européens donnent accès, souvent gratuitement, aux tests et aux vaccins. La Suisse n’a pas avancé d’un pouce dans la lutte contre la variole du singe. La faîtière Pink cross revendique à raison que le Conseil fédéral déclare immédiatement la « situation particulière », commande de manière centralisée des vaccins et des médicaments et permettent en particulier aux groupes à risques de se protéger de la variole du singe. Dans le canton de Vaud, la Cheffe du DSAS indique dans le quotidien 24 Heures du 20 août que notre canton est un des plus touchés et que le canton entend se procurer des doses de vaccins auprès du fabricant directement, des contacts avec Bavarian Nordic ayant lieu. C’est une démarche à saluer car le vaccin peut éviter que la variole du singe ne se propage de manière trop forte. Par ailleurs, si la variole du singe concerne actuellement surtout des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes – selon la cheffe du DSAS, 57 personnes sur 59 personnes touchées dans le Canton-, il est à craindre que cette pathologie concerne à terme l’ensemble de la population.

Convaincu-e-s qu’il est du devoir de notre canton de tout mettre en œuvre pour répondre à cette urgence sanitaire, les soussigné-e-s ont l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’État :

  1. Quelle est l’évolution de l’ampleur de l’épidémie de variole du singe dans le canton ?
  2. Comment s’explique le retard de la Confédération dans la mise à disposition d’un vaccin en comparaison avec les autres pays européens ?
  3. Quelles sont les mesures mises en place par le canton ?
  4. Si l’épidémie devait se renforcer, quelles sont les autres mesures envisageables ?

Julien Eggenberger, membre du Grand Conseil – groupe socialiste

Assurer un suivi adéquat aux enfants et adultes malades du cancer dans l’ensemble du canton

Interpellation déposée au Grand Conseil du canton de Vaud le 31 mai 2022

Le 23 septembre 2021, le quotidien 24 Heures informait d’une crise financière à la Ligue vaudoise contre le cancer (LVC) et de la suppression d’un tiers des postes de cette organisation. Il s’agit en fait principalement d’une suppression d’une grande partie du service social pour la région lausannoise. Cette décision a occasionné le non-remplacement de 4.7 EPT et le licenciement de 7 personnes, des personnes particulièrement qualifiées et expérimentées pour cette mission. Cette situation est dénoncée par le Syndicat des services publics SSP qui est mandaté pour soutenir le personnel. S’ajoutant à ces licenciements abrupts, la restructuration de la LVC a impliqué le départ de 5 collaboratrices supplémentaires entre juillet 2021 et février 2022 dont un seul poste sera repourvu. Au total, les 7,9 EPT manquantes impliquent un important déficit de personnel au sein de l’association, mettant en péril les missions qu’elle est responsable de mener à bien. Ces EPT manquants se cumulent à plusieurs absences non remplacées (4 congés maternité, 1 arrêt maladie longue durée). Comment cette restructuration va-t-elle impacter le suivi des adultes et des enfants malades du cancer ?

Une personne malade du cancer va rencontrer différentes difficultés ce qui requiert un suivi social de qualité. Car la maladie précarise :

La maladie et ses traitements implique souvent un bouleversement de la vie du ou de la patiente ainsi que de sa famille. Tout d’abord les conséquences sur l’activité professionnelle rémunérée des personnes touchées par la maladie sont multiples : arrêts de travail, démarches auprès des assurances perte de gain, accès au chômage ou à l’aide sociale, démarches auprès de l’assurance invalidité, etc. L’accès à ces prestations engendre de nombreuses démarches lourdes, chronophages et complexes que le ou la malade n’est souvent pas en mesure de réaliser seule. Ainsi, le soutien d’un-e assistante sociale spécialisée dans les problématiques oncologiques ayant accès aux soignant-e-s directement à l’hôpital, se révèle indispensable.

Malgré l’accès à des prestations sociales, le budget des personnes concernées est pratiquement toujours impacté. Ainsi, les patient-e-s et leurs proches sont confrontées à des problèmes financiers, accrus également par certains frais médicaux non-remboursées par la LAMal. Ainsi, l’aide d’un service social adéquat ayant accès à des fonds d’entraide spécifiques au cancer est nécessaire.

La maladie touche également l’environnement du ou de la patiente atteinte dans sa santé. En effet, l’organisation familiale ou encore logistique des personnes concernées et leurs proches se trouvent alors mises à mal. Ainsi, des démarches relatives à l’accès à des congés pour les proches, aux transports médicaux pour se déplacer vers les lieux de soin, à l’aide à domicile adéquates font partie intégrante de l’aide proposée par les assistant-e-s sociales spécialisées en oncologie.

Le soutien apporté par les assistant-e-s sociales spécialisées en oncologie dépend également de la situation du patient parfois précaire avant même l’apparition de la maladie. Toutefois, le cancer et ses conséquences aura pour effet de fragiliser de manière importante ces situations. Ainsi, des démarches relatives à des permis de séjour, à l’accès à un logement adéquat, à un revenu minimum, etc. sont également des démarches réalisées par les professionnel-le-s du travail social en oncologie.

Pour finir, le travail des assistant-e-s sociales en oncologie repose sur le lien tissé avec le ou la patient-e tout au long de la maladie et de ses traitements. Ainsi, les assistant-e-s sociales dans le domaine de l’oncologie dispensent également un soutien psycho-social aux patient-e-s et à leurs proches. En effet, les bouleversements impliqués par la maladie sont nombreux et extrêmement déstabilisants. Ainsi, le soutien d’un-e assistant-e sociale de référence tout au long du parcours de soins, représente une nécessité pour certain-e-s malades.

Les défaillances impliquées par la restructuration de la LVC évoquées en introduction ont été partiellement compensée par le déblocage de postes (4 EPT) d’assistant-e-s sociales-aux au CHUV. Cette réaction est à saluer, mais ne semble pas encore répondre à toutes les inquiétudes. Notamment le morcellement entre la LVC qui souhaite maintenir un suivi ambulatoire et les nouveaux postes qui se concentrent sur le stationnaire. Or, les traitements oncologiques impliquent de nombreux allers-retours au sein des différents services hospitaliers et/ou ambulatoires. La division des tâches entre service social du CHUV et LVC selon le lieu de traitement impliquera des changements d’assistant-e-s sociales-aux fréquents qui, comme mentionné plus haut, entravent le suivi de qualité. Par ailleurs, l’une des prestations majeures du service social de la LVC consistant au déplacement à domicile des patient-e-s a été complètement supprimée.

D’après les informations recueillies auprès des personnes concernées, il semblerait que la LVC ne prenne plus aucune nouvelle situation depuis septembre 2021 (juillet 2021 pour certains services) excluant un très grand nombre de patient-e-s de l’aide dont ils et elles ont besoin. La LVC s’était toutefois engagée à pallier ce problème dès l’entrée en fonction des nouvelles assistantes sociales au sein du service social du CHUV pour le service d’oncologie. Or, au vu du manque de personnel, la LVC n’a pas pu tenir ses engagements, mettant ainsi en difficultés les patient-e-s, le personnel soignant-e-s, ainsi que le réseau socio-sanitaire vaudoise devant pallier ces lacunes. Cette situation est alarmante et indigne fortement. On peut légitimement se demander si la LVC reste un partenaire fiable pour le canton ?

Par ailleurs, le développement de projets de renforcement de certaines prestations dans certaines régions (mais pas toutes) va en parallèle avec des suppressions dans d’autres (mais pas toutes). On peine donc à comprendre la stratégie poursuivie par la LVC. Cette situation implique également d’importantes inégalités de traitement entre les centres de soins régionaux et privés (suivis par la LVC) et le CHUV (suivi par des assistantes sociales CHUV).

Dans le domaine de la prévention, c’est tout un programme d’information destiné aux populations issues de la migration qui n’a pas été reconduit à fin 2020. Faisant face à certaines barrières d’ordre linguistique, culturelle, logistique ou encore de niveau de littératie, et cela le souvent de manière cumulée, ces populations ont très difficilement accès aux informations standards destinées à la population vaudoise. Il est d’ailleurs documenté et reconnu que l’accès à la prévention et aux examens de dépistage du cancer est de 10% inférieur pour les migrante-s en situation de vulnérabilité que pour les populations autochtones[i]. Ces suppressions de prestations suscitent de grandes préoccupations quant à l’équité des chances de survie face à une maladie grave dans notre canton.

La Loi sur la santé publique du canton de Vaud prescrit à son article 20a que « Toute personne séjournant dans un établissement sanitaire soumis à la présente loi a droit à une assistance et à des conseils pendant toute la durée de son séjour. Elle a le droit en particulier de requérir le soutien de ses proches et de maintenir le contact avec son entourage. » Il existe donc une base légale à une intervention du canton.

Convaincu-e-s qu’il est de l’intérêt public d’assurer un suivi et un soutien de qualité aux personnes atteintes d’un cancer dans l’ensemble du canton, les soussigné-e-s ont l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  1. Le Conseil d’Etat estime-t-il que le soutien social aux personnes atteintes d’un cancer au travers d’un service social spécialisé est pertinent contribue à des objectifs de santé publique ?
  2. Est-il associé aux décisions de la LVC tendant à supprimer le suivi social spécialisé des personnes atteintes d’un cancer ?
  3. Si oui, comment le Conseil d’Etat entend-il stabiliser ces prestations ?
  4. Le soutien social aux personnes atteintes de cancer ne devrait-il pas être financé et géré par des organismes publics ?
  5. Comment garantir une uniformisation des prestations entre les différents lieux de soins dans le Canton si les prestataires sont différents (LVC VS CHUV) ?
  6. Dans le domaine de la lutte contre le cancer, quelles mesures spécifiques de prévention en direction des personnes les plus vulnérables sont envisagées ?
  7. Plus globalement, le Conseil d’Etat estime-t-il la pertinence et l’importance d’un appui social spécifique permettant d’accompagner les personnes atteintes de maladies graves, de longue durée, durant la durée de leur traitement (en hôpital ou en ambulatoire) ? Comment voit-il la coordination nécessaire des acteurs fournissant cet appui social ?

Julien Eggenberger, membre du Grand Conseil – groupe socialiste

[i]Bhargava S, Moen K, Azeem Qureshi S, and Hofvind S. Mammographic screening attendance among immigrant and minority women: a systematic review and meta-analysis. Acta Radiologica 2018, Vol. 59(11) 1285–1291.

Assurer le financement des réserves de capacité dans le système hospitalier

Motion déposée au Grand Conseil du canton de Vaud le 3 mai 2022

La crise sanitaire a montré les limites du système actuel de financement hospitalier. En effet, un système essentiellement basé sur l’activité réellement déployée ne permet pas de maintenir des réserves de capacité. Dans le système actuel, les hôpitaux sont contraints d’appliquer la logique du « just-in-time » pour gérer les dotations en personnel et les lits. Les lits vides sont bannis, tandis que les dotations en personnel sont calculées au plus juste, voire en-dessous des besoins réels afin d’éviter tout « temps mort ». Cette situation entraîne rapidement des problèmes lorsque des pics d’activités se produisent, et pas uniquement en raison d’une pandémie, la grippe saisonnière produit chaque hiver ce même effet. Pour faire face à la pandémie, des mesures de restriction ont été prises pour ne pas mettre en danger le système de santé. C’est ainsi que de très nombreuses interventions et des soins ont été reportés pour concentrer l’activité hospitalière sur l’urgence COVID. Le système de santé a tenu, mais combien de patient-e-s ont souffert, souffrent encore de ce report de soins ?  Certes, il est illusoire de prétendre pouvoir répondre aux situations extrêmes. Ceci dit, il s’agit de tirer les enseignements de la crise sanitaire que nous traversons afin d’opérer un changement de logique indispensable, qui ne peut néanmoins dépendre que d’un changement de la loi fédérale. Les transferts de personnel non spécialisés vers les unités de soins intensifs ont été possibles en 2020 ; le rappel des retraité-e-s a permis de soulager le personnel spécialisé des unités confrontées à une surcharge de patient-e-s COVID. Mais de telles « manœuvres » ne sont pas une solution à moyen terme.

L’article 4bis de la Loi fédérale sur les bases légales des ordonnances du Conseil fédéral visant à surmonter l’épidémie de COVID-19 prévoit que les cantons financent des réserves de capacités pour surmonter les pics d’activités.

Nouvelle compétence pour le Conseil fédéral :

Chiffre 4 

Il peut autoriser les cantons, pour garantir les capacités nécessaires au traitement des maladies COVID-19 et à d’autres examens et traitements médicaux urgents, à:

  1. interdire ou restreindre des examens et traitements médicaux non-urgents;
  2. prendre d’autres mesures nécessaires au maintien des capacités.

4bis Afin de renforcer les services de santé sollicités par la crise COVID-19, les cantons financent les réserves de capacités nécessaires pour affronter les pics d’activité. Ils définissent les capacités nécessaires en accord avec la Confédération.

La teneur de cette disposition est temporaire, mais ouvre une logique nouvelle, dans le sens où le financement des structures de soins n’est plus uniquement organisé selon le principe des forfaits dans le secteur hospitalier. Il est désormais obligatoire, pour les cantons, de financer des « réserves de capacités ». Autrement dit : un financement est possible pour des lits de réserve, ce qui permet de conserver le personnel dans les creux des vagues. Ce financement permet aussi de donner un peu de répit aux personnels surchargés pendant 2 ans. L’automne-hiver 2022- 2023 pourrait voir revenir un pic de contaminations et d’hospitalisations..

Convaincu-e-s qu’il est de l’intérêt public d’assurer une réserve de capacité suffisante dans le système hospitalier dans l’ensemble du canton, les soussigné-e-s ont l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  1. De quels outils le canton de Vaud est-il doté pour répondre au pic d’activités dans le système de santé ?
  2. Le canton de Vaud estime-t-il judicieux de prévoir une réserve de capacité dans le système hospitalier ?
  3. Le cas échéant, comment prévoit-il de l’organiser et de la financer ?
  4. Ce dispositif concerna-t-il aussi les EMS et les CMS ?

Objectif : zéro primo infection VIH dans le canton de Vaud (développement)

Développement de la motion déposée au Grand Conseil du canton de Vaud le 21 décembre 2021

L’épidémie du VIH continue à sévir partout dans le monde depuis 40 ans maintenant. La motion déposée aujourd’hui et largement cosignée souhaite que le canton de Vaud définisse une stratégie cantonale visant à éviter toutes nouvelles infections le VIH d’ici 2030 conformément à l’objectif d’ONUSIDA et l’inscrive dans la Loi sur la santé publique.

Actuellement en Suisse ce sont environ 500 nouvelles infections au VIH par année qui sont recensées. Bien que le nombre de nouveaux cas positifs ait considérablement baissé ces 30 dernières années, une éradication totale du virus doit aujourd’hui être visée. Pour y parvenir, une stratégie efficace doit être définie et encadrée. Il s’agit à présent de missionner l’État afin que celui-ci définisse un cadre légal pour atteindre cet objectif.

Si le dispositif vaudois actuel existe et contribue à lutter contre le virus et ses dommages, il nécessite aujourd’hui d’être renforcé et amélioré pour atteindre l’objectif du zéro cas à l’horizon 2030.

Parmi les mesures à étudier, figurent les modalités d’un élargissement du système de dépistage du VIH et de son accessibilité, le lancement d’un programme cantonal de distribution de la PrEP ciblé sur les publics à risques, un plan de mobilisation de tout le système de santé et la lutte contre la stigmatisation des personnes séropositives. Si nous vivons aujourd’hui depuis longtemps avec le virus du VIH, les stigmates qu’il génère restent indemnes pour les personnes qui en sont touchées. Grâce à la prévention, l’accès au dépistage ou en renforçant les diagnostics dans tout le système de santé, le nombre de nouveaux cas ne pourra que reculer.

Motion : objectif : zéro primo infection VIH dans le canton de Vaud

Motion déposée au Grand Conseil du canton de Vaud le 15 décembre 2021

Apparu il y a 40 ans, le VIH continue à infecter de nouvelles personnes chaque année. Progressivement, le nombre de nouvelles infections baisse, sans toutefois connaître une inflexion suffisante laissant entrevoir une fin. Si la Suisse comptait plus de 1500 cas positifs par année dans les années 1990, le nombre est passé sous les 500 récemment. Par ailleurs, la pandémie de covid-19 a eu un impact certain sur la lutte contre le VIH, notamment en ralentissant les activités de dépistage et les découvertes de nouvelles infections.

Grâce aux importants progrès médicaux, de prévention et la mise sur pied de structures spécialisées (checkpoint Vaud, Profa, …), l’espérance de vie n’est que peu diminuée par une infection, mais au prix d’un traitement médicamenteux et d’impacts psychosociaux. Cela ne peut constituer un oreiller de paresse, tant l’opportunité d’une éradication de ce virus est à portée de main. En 2011 déjà l’ONUSIDA indiquait que l’ambition de parvenir à zéro infection était atteignable d’ici 2030, pour autant qu’une révolution des outils de prévention soit entreprise. En effet, la prévention ne peut se limiter à inciter à modifier les comportements à risques. A titre d’exemple, la ville de San Francisco a réussi à atteindre une baisse de 60% des nouvelles infections en 10 ans, grâce à un programme de santé publique alliant gratuité des moyens de prévention et des dépistages, un meilleur accès aux traitements et la lutte contre la stigmatisation des personnes infectées. En réduisant le nombre d’infections, on économise aussi les coûts très importants des traitements qui devront être pris toute la vie et des impacts possibles et onéreux en termes de santé mentale par la stigmatisation sociale de vivre avec le VIH.

Une stratégie efficace doit combiner information, prévention large et adaptée aux différents publics, un système performant permettant un diagnostic le plus précoce possible, une prise en charge efficace dès le diagnostic connu et la lutte contre la discrimination et la stigmatisation des personnes infectées. Le dispositif vaudois existe et contribue activement à lutter contre ce virus sur tous ces aspects. Il reste malgré tout des améliorations possibles.

  1. Développer le système de diagnostic précoce pour éviter les infections secondaires

Une personne diagnostiquée est prise en charge par traitement antiviral. Si celui-ci est pris efficacement, cette personne devient indétectable, elle ne transmet plus le VIH. Il y a donc un intérêt prépondérant à identifier le plus vite possible les infections. La grande majorité des infections sont le résultat d’une contamination par une personne ne connaissant pas son statut sérologique. Il ne s’agit donc pas d’une question qui concerne seulement la personne concernée, mais bien un enjeu de santé publique. Le système de subventionnement des tests VIH et d’autres IST en vigueur dans le canton a été revu en 2018 en réponse à une motion de l’ancienne membre du Grand Conseil Brigitte Crottaz (16_MOT_087). Le Conseil d’État reconnaissait alors que la politique de dépistage menée était bien en deçà de celles pratiquées dans de nombreuses autres régions. Malheureusement, il apparaît que le système mis en place en 2018 doit être revu et la loi sur la santé publique modifiée afin de lever les obstacles à un diagnostic le plus précoce possible. Finalement, il convient de relever l’intérêt d’élargir l’accès au dépistage en sortant des sentiers battus (dépistage « hors les murs ») comme le démontre une étude publiée dans la Revue médicale suisse en 2020[1]. Deux axes pourraient être poursuivis : une prescription plus systématique et des gratuités ciblées, car il semble que les coûts soient rédhibitoire pour certaines personnes. Une comparaison avec les dispositifs en place dans certaines régions du monde qui connaissent des résultats probants devrait permettre d’adapter le modèle pratiqué dans notre canton.

  1. La PrEP : un nouvel outil efficace évitant les primo infections

Ces dernières années, la PrEP, la prophylaxie pré-exposition au VIH, a démontré son efficacité comme outil complémentaire de réduction des risques de transmission du VIH. La PrEP s’adresse aux personnes séronégatives et consiste en un médicament à prendre tous les jours en continu ou par phase et qui évite les contaminations. Le principe de la prévention médicamenteuse n’est pas spécifique au VIH, mais existe aussi par exemple pour la malaria ou pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires (statines). Dans les régions qui ont décrété la prise en charge des coûts de ce traitement (France, Luxembourg, Norvège, de nombreuses régions ou villes américaines,…), l’effet est confirmé. C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé recommande ce traitement depuis septembre 2015, au moins pour les publics les plus à risque . Le coût de la PrEP, particulièrement élevé en Suisse, et sa non-prise en charge par l’assurance de base représentent une barrière à son accès pour une majorité de la population qui pourrait en bénéficier. Dans ce contexte, les résultats de l’étude SwissPrEPared, qui comptent actuellement plus de 4000 personnes sur l’ensemble de la Suisse, devront être suivis avec attention.

  1. Mobiliser tout le système de santé

Une part importante du travail de prévention et de diagnostic est réalisée dans des centres dédiés. Ces derniers réalisent un travail remarquable et leur contribution est déterminante dans le combat contre cette pandémie. De leur côté, les médecins généralistes occupent une place centrale dans le dispositif de santé publique. Ils et elles disposent d’une position privilégiée au plus près de leur patient-e, en étant notamment les mieux placés pour établir un profil des risques grâce au lien de confiance établi. Leur rôle pourrait être renforcé, par exemple en promouvant activement certains outils de lutte contre la pandémie. Cela nécessite l’élaboration d’une stratégie permettant de fournir un cadre clair (dépistage plus systématique, identification des profils à risques, promotion de la PrEP aussi en cabinet,…) et un engagement des sociétés médicales et professionnelles auprès de leurs membres dans ce sens. Par ailleurs, dans les services d’urgence, une mobilisation sur cette question semble aussi possible. Une étude[2] menée en 2016 aux urgences du CHUV montrait alors que, malgré les directives visant à systématiser le dépistage pour les publics à risques, seulement 1% des consultations aboutissaient à un dépistage. La même étude indiquait que la moitié des patient-e-s en Suisse sont malheureusement diagnostiqués à un stade avancé de l’infection VIH alors qu’ils-elles avaient souvent consulté leurs médecins ou un service d’urgences dans les un à trois ans précédant leur diagnostic pour des tableaux cliniques signant soit une primo-infection ou une infection chronique. Cette réalité implique que ces personnes ont pu en infecter d’autres dans l’intervalle et que la prise en charge par traitement rétroviral peut se compliquer.

  1. Lutter contre la stigmatisation des personnes séropositives

Nous ne sommes pas toutes égales / tous égaux face au VIH. L’épidémie touche de façon disproportionnée certains groupes de la population, notamment les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les personnes trans ou encore celles nées dans un pays à forte prévalence. Les personnes infectées par le VIH souffrent encore malheureusement de discriminations et de stigmatisation. Beaucoup peine à comprendre qu’une personne infectée, diagnostiquée et prise en charge, ne constitue pas une menace pour la santé. En plus d’être moralement problématique, les discriminations et la stigmatisation sont aussi contre productives et constituent des obstacles à la lutte contre cette maladie. Les réactions de stigmatisation (mise à l’index, culpabilisation, mauvais traitement, refus d’emploi, d’assurance, de soins, …) entravent les efforts de prévention et de traitement, aggravant l’impact de l’épidémie. Par ailleurs, elles affaiblissent le soutien familial et communautaire pourtant indispensable dans une telle situation. Lutter contre la stigmatisation passe, notamment, par informer le public et les professionnel-le-s du fait qu’une personne séropositive au VIH sous traitement ne peut pas transmettre le VIH afin d’éviter les situations d’exclusion ou l’application de mesures d’hygiène ou de distanciation inutiles. Il s’agit aussi de s’assurer qu’aucun accès différencié à des prestations n’existe et que les éventuelles situations de discrimination en raison du statut sérologique soient sanctionnées. Plus globalement, une communication sur les vécus des personnes séropositives permettrait peut-être de thématiser ces enjeux et de lutter contre les représentations négatives.

Les signataires de cette motion demandent au Conseil d’État de proposer un changement de la loi sur la santé publique (LSP – article 28 alinéa 4 notamment), qui définirait une stratégie cantonale visant à éradiquer le VIH d’ici 2030. Parmi les mesures à étudier, figurent les modalités d’un élargissement du système de dépistage du VIH et de son accessibilité, le lancement d’un programme cantonal de distribution de la PrEP ciblé sur les publics à risques et un plan de mobilisation de tout le système de santé et la lutte contre la stigmatisation des personnes séropositives.

Julien Eggenberger, député au Grand Conseil et 45 cosignataires

[1] https://u.pcloud.link/publink/show?code=XZEow0XZTGEFlemrSoXfSnTu3zaobVJqz77X

[2] Ibid.

Une juste reconnaissance pour le personnel impliqué dans la réponse sanitaire

Intervention dans le cadre du débat de la Résolution Raphaël Mahaim et consorts au nom Groupes socialiste, vert, vert’libéral, libre et ensemble à gauche – Une juste reconnaissance pour le personnel impliqué dans la réponse sanitaire le mercredi 16 décembre 2020 au Grand Conseil du canton de Vaud.

Depuis le début de la crise sanitaire, le monde entier a compris combien le travail dans les soins signifie professionnalisme, flexibilité, disponibilité jour et nuit, courage et une formation continue suffisante. Aide-soignant-e, TRM, infirmier-ère, sage-femme, transporteur-trice, ASSC, employé-e de ménage ou de cuisine, réceptionniste, physio, ergo : toutes et tous travaillent sans relâche, avec des horaires qui changent sans cesse, toutes et tous ont dû se former à toute vitesse, parfois sans le matériel nécessaire pour se protéger. Ils accompagnent, soignent, nettoient, transportent, les patient-e-s à l’hôpital, dans les EMS ou à domicile. Ils prennent des risques pour leur santé et celle de leurs proches, ils mettent leur vie familiale entre parenthèses. Maintenant, ils veulent que les employeurs et les autorités reconnaissent concrètement leur travail.

Ce personnel est là pour nous. Il représente ce qu’est le service public : une prestation pour toutes et tous, tout le temps, de qualité et avec engagement. Jamais nous n’avons autant réalisé combien leur rôle est essentiel.

Tout d’abord, il faut une coronaprime comme demandé la résolution dont nous traitons. Une manière de remercier concrètement le personnel. Dans de nombreux secteurs, c’est déjà réalité : La Poste, Coop, etc… Mais aussi dans la santé comme, par exemple, dans le canton de Fribourg, à l’EHC ou au GHOL.

Un effort important doit aussi être réalisé concernant les effectifs et les conditions de travail. La pression grandissante, la logique du chiffre, la mise en concurrence des acteurs de la santé sont des tendances qui pressurent le personnel, sans que cela n’améliore en rien la qualité des soins, au contraire.

Après la première vague, les institutions de soin n’ont pas pris la mesure des renforcements nécessaires, plusieurs d’entre elles ont bloqué les embauches suite aux difficultés financières. Une décision rationnelle financièrement, mais incompréhensible du point de vue sanitaire. Le système de financement a mis en péril le secteur alors même qu’il avait besoin de renforcement. Il faut un financement extraordinaire du secteur santé pour faire face à la pandémie et la fin du financement hospitalier selon le principe des forfaits par cas.

Mais finalement, et il faut bien le dire, cette résolution reste bien en deçà de ce qui est nécessaire. Une revalorisation immédiate de toutes les fonctions du secteur santé est urgente.

Les applaudissements du soir jour après jour étaient un encouragement. Maintenant, il faut entendre les revendications. C’est pourquoi je vous invite à soutenir cette résolution, comme un signal, une direction. Mais j’insiste sur le fait qu’il faudra aller plus loin, qu’il faudra s’engager sur la durée, et surtout qu’il faudra allouer les moyens. Loin d’un symbole ou d’un ressenti, c’est d’une démarche concrète, sonnante et trébuchante qui est nécessaire.

A celles et ceux qui opposent chômeurs, chômeuses, indépendant-e-s, ou salarié-e-s en RHT et personnel de la santé, je réponds que la pirouette est facile et franchement indécente.

Et je conclurai par le slogan lu sur une banderole brandie par un groupe de soignantes lors de la manifestation organisée par le SSP cet automne : « Les applaudissements et les mercis, c’est fini ! Maintenant il faut payer ! »

Un vrai merci : vers une revalorisation du personnel de la santé et des soins !

Interpellation déposée le 26 mai 2020

En cette période de crise sanitaire, il apparaît encore plus clairement le rôle essentiel de certains secteurs pour répondre aux besoins de la société et dans la capacité à surmonter un défi important. Ainsi, dans la santé et les soins, c’est un engagement gigantesque qui est fourni par le personnel, jour et nuit, pour soigner la population et faire face à la pandémie. Le personnel est « au front » et doit prendre soins des personnes malades, des personnes âgées, dans des conditions très éprouvantes, en accompagnant par exemple en fin de vie des patient-e-s isolés. Il a renoncé à ses vacances, dû vivre avec des plannings changeant sans cesse et accumulant, parfois, des heures supplémentaires. Il a aussi pris des risques alors que les équipements de protection individuelle n’étaient pas toujours disponibles en quantité suffisante. Plus généralement, cette situation a mis en lumière les conditions de travail difficiles et les salaires modestes qui ont cours dans ce secteur.

Les soussigné-e-s rendent un hommage appuyé au travail réalisé dans le domaine de la santé et relève que le personnel a répondu présent avec un professionnalisme qui force l’admiration. Les hommages, les remerciements et les applaudissements sont appréciables. Ils doivent s’accompagner d’une compensation concrète et d’une prise de conscience.

Les soussigné-e-s demande au Conseil d’État d’exposer son analyse de la situation et ses intentions quant aux revalorisations et au soutien au personnel de la santé :

1. Le Conseil d’État peut-il assurer que les heures supplémentaires du personnel seront compensées, ou payées avec majoration, et les vacances reprises ?

2. Le Conseil d’État envisage-t-il l’attribution d’une prime spéciale indemnisant l’engagement et la prise de risques des personnels impliqués dans la réponse sanitaire ?

3. Quelle est la situation salariale du personnel de la santé et des soins dans le secteur public et parapublic ? Et comparativement à celui des autres secteurs du service public ?

4. Quelles mesures le Conseil d’État, respectivement les employeurs du secteur parapublic, envisagent-ils afin de revaloriser le personnel de la santé et des soins ?

5. Des renforcements dans les équipes de soins sont-ils nécessaires dans certains secteurs ? Quelles sont les mesures déjà prises, respectivement encore à prendre ?

6. Quelles mesures sont prises pour augmenter le nombre de places dans les écoles formant le personnel soignant ?

7. Les différents lieux de soins ont-ils pris toutes les mesures permettant de garantir au personnel du matériel de protection de manière autonome ? Le cas échéant, quel dispositif réglementaire pourrait permettre de s’assurer que chaque institution soit suffisamment dotée ?

Julien Eggenberger (PS)

Sylvie Podio (Les Vert-e-s)

Hadrien Buclin (Ensemble à gauche)

Jérôme Christen (PDC-Vaud libre)

Yvan Pahud (UDC)

Philippe Vuillemin (PLR)

Graziella Schaller (Vert’libéraux)

Initiative soins dentaires 

Savez-vous que dans la région lémanique, 5% des personnes renoncent à des soins dentaires pour des raisons financières ?

Et que la carie frappe inégalement la dentition de lait des enfants selon leur appartenance sociale ?

Chez les enfants jusqu’à 5 ans, 40% de ceux issus d’une famille économiquement défavorisée ont une ou plusieurs caries contre 16 % de ceux issus d’une famille des classes moyennes ou favorisées. Chez l’adulte, les pertes dentaires sont également fortement influencées par le statut socio-­économique : 14% des personnes appartenant à des groupes favorisés sont totalement édentées, contre 32% appartenant à des groupes défavorisés.

Plusieurs publications soulignent les liens fonctionnels entre la détérioration de la santé buccale et l’apparition, voire l’aggravation de maladies aussi prévalentes que l’athérosclérose.

Les maladies buccales sont donc déjà présentes dans nos primes d’assurances à un niveau que ne soupçonnent ni les assurés, ni les médecins, ni… les assureurs.

Par ailleurs, les prothèses dentaires amovibles (48 % dans la population aux revenus faibles et moyens-faibles, contre 11,5 % chez les hauts revenus) conduisent à une sélection des aliments et peuvent contribuer à la malnutrition des sujets âgés.

Malgré la difficulté de trouver des chiffres précis, le coût des soins dentaires dans le canton de Vaud s’élevait en 2010 à environ 350 millions de francs. Les assurances sociales participent au financement de ces coûts à raison de 6%, 5% étant le fait des assurances privées. Les ménages privés paient donc de leur poche 89% du montant total.

Pour pallier tous ces problèmes nous voulons mettre en place un système d’assurance publique de soins dentaires pour un accès libre et égal à la santé bucco-dentaire. L’inclusion des patients dans un programme d’assurance dentaire conduit à une amélioration de la santé générale et à une baisse des coûts généraux de la santé.

http://initiative-dentaire.ch/