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Manifeste « Une autre école est possible! »

En comparaison avec celui des autres pays européens, le système scolaire suisse est très sélectif. Pourtant, nous savons depuis longtemps que les élèves apprennent mieux et acquièrent davantage de connaissances si aucune sélection et aucune répartition dans des filières (ou sections) n’intervient durant la scolarité obligatoire. Les études comparatives réalisées sur cette question montrent que les pays dans lesquels les élèves accomplissent leur scolarité obligatoire dans un cadre sans filières obtiennent des résultats nettement meilleurs que celles et ceux qui sont dans un système scolaire très sélectif. A l’inverse, il a été démontré que les systèmes très sélectifs reproduisent surtout le statut social des parents ainsi que leurs attentes à l’égard de la formation et ne tiennent pas compte de la situation individuelle de l’enfant.

Malgré tout, de nombreux cantons suisses maintiennent un degré secondaire I à filières et les forces conservatrices de ce pays insistent même pour que des filières supplémentaires soient (ré-) introduites.

Il est vrai que certaines réformes de ces dernières années (comme la scolarisation précoce, le développement des écoles à horaire continu, etc.) vont dans la bonne direction et essaient de renforcer les tendances à l’intégration. Mais ces projets s’arrêtent à mi-chemin et ne peuvent déployer pleinement leurs effets. Pour les enseignant-e-s, ils engendrent du travail supplémentaire sans résultats tangibles. Le manque de ressources pour la mise en œuvre de ces réformes ainsi que l’alourdissement simultané de l’appareil administratif viennent encore accentuer ce phénomène. D’autres réformes visent, en revanche, plus ou moins ouvertement, à renforcer le caractère sélectif de l’école.

Depuis de nombreuses années, le ssp s’engage en faveur d’une école publique inclusive destinée à tous les enfants, englobant l’ensemble de la période de scolarité obligatoire et qui propose un degré secondaire I sans filières.

Vaud : le 4 septembre, on vote sur l’école!

Rubrique Invité 24 Heures

Le 4 septembre, les Vaudois-e-s devront se prononcer sur deux objets scolaires. L’initiative Ecole 2010 et la Loi sur l’enseignement obligatoire. Ils proposent des visions radicalement différentes de l’école publique.

L’organisation de l’école actuelle dans le canton de Vaud date de 1984. Le système scolaire vaudois, avec ses trois filières, est l’un des plus sélectifs du pays, de nombreux cantons connaissant un système à deux filières, à niveaux ou combinant les deux. La répartition, à l’âge dedouze ans, des enfants en trois filières quasiment étanches attribue très tôt à chacun-e une place dans la hiérarchie scolaire et contribue alors largement à déterminer son avenir professionnel et sa place dans la hiérarchie sociale. Ainsi actuellement près d’un tiers des élèves vaudois, parce qu’ils et elles sont stigmatisés, peinent à trouver une solution en fin de scolarité. Pourtant une autre école est possible, basée sur l’exigence et la réussite de toutes et tous les élèves plutôt que sur l’exclusion et la sélection.

L’initiative Ecole 2010, soutenue par le Centre patronal et l’UDC, va ainsi totalement à l’encontre d’une école qui vise à réduire la sélection sociale et à développer la réussite scolaire. Elle est dommageable pour la grande majorité des élèves, en particulier celles et ceux issus de milieux modestes. Elle prévoit, entre autres, de renforcer encore les filières, de généraliser les notes et les moyennes générales depuis l’âge de 6 ans et d’organiser un apartheid scolaire (les élèves seraient regroupés par bâtiment selon leur profil). Elle vise ainsi à maintenir et à consolider la logique élitiste qui a marqué l’école vaudoise durant des décennies. Pour toutes ces raisons, il faut voter NON à l’initiative Ecole 2010.

Quant à la Loi sur l’enseignement obligatoire (LEO), elle ne présente pas la réforme ambitieuse de l’école espérée par le SSP. La LEO introduit notamment un «enseignement consolidé» pour les élèves les plus faibles, ce qui, dans une certaine mesure, perpétue la logique d’exclusion actuelle. Malgré cela, elle offre des améliorations. Elle renforce le système scolaire en rendant l’école enfantine obligatoire et en augmentant le nombre d’heures à l’école primaire dans les disciplines de base (français et mathématiques). En effet, aujourd’hui, un « manque » d’école pèse cruellement sur les élèves moins favorisés, dont les parents sont plus difficilement en mesure de compléter ce qui n’est pas fait en classe. La LEO propose un système plus perméable et plus souple qu’actuellement pour le secondaire. Le passage de trois à deux filières (générale et prégymnasiale) et l’enseignement à niveaux dans trois branches (français, math et allemand) en voie générale sont moins stigmatisants et plus adaptés à chaque élève (un enfant peut être bon dans une branche et moins dans une autre). Plusieurs passerelles existeront entre les voies et les niveaux. . Finalement, le meilleur statut des enseignant-e-s du primaire représente un autre point de satisfaction. Ainsi nous sommes convaincus que statu quo n’est pas défendable. Partant du principe qu’il ne faut pas passer à côté d’une occasion de faire un pas, même modeste, vers une école moins sélective, nous appelons à voter OUI à la LEO.

Julien Eggenberger, enseignant, président SSP – région Vaud